dièses contre les préconçus

La beauté est-elle vraiment subjective ?


En vérité, cette prétendue subjectivité de la beauté n’en est pas vraiment une : l'évaluation de notre physique est loin d'être à l'abri des rapports de domination, et notamment de ceux de classe.
par #Basma Rizzotti — temps de lecture : 14 min —

Peut-on discuter de beauté ? Et puis d’abord : quand on parle de beauté, de quoi parle-t-on ?

Dans cet article, il n’est pas question de réduire la beauté à une simple caractéristique physique. Nous sommes des êtres incarnés, subtils et surtout sociaux. Par conséquent, de nombreux autres facteurs que le physique au sens strict du terme entrent en compte dans la perception de l’esthétique d’autrui. C’est du moins ce que sous-tend l’expression « beauté intérieure », souvent utilisée pour clamer que la beauté physique ne serait pas importante.

« La beauté de l’âme l’emporte sur la beauté physique », disait ainsi George Sand. Mais sommes-nous vraiment capables de faire abstraction de l’enveloppe corporelle d’autrui ?

Posez-vous la question : avez-vous déjà jugé qu’une personne n’était pas à votre goût puis réalisé en apprenant à la connaître à quel point elle était charmante ?

Aline1Nom d’emprunt., femme de 21 ans en témoigne : « On a tendance malgré nous et inconsciemment à définir au premier regard la personnalité de quelqu’un sur la base de son physique. Le cliché étant que quelqu’un de moche serait stupide et méchant alors que finalement ça n’a rien à voir ! Et c’est souvent en apprenant à connaître une personne qu’on se rend compte que la beauté va au-delà d’un simple physique, ou visage… une personne que je trouve très belle physiquement, mais qui est égoïste, superficielle : y’a beaucoup de chance pour que je la trouve moins belle avec le temps. »

Ce témoignage montre bien comment nous pouvons changer d’avis sur une personne en fonction de sa « beauté intérieure ». La véritable beauté dépasserait-elle donc la simple apparence ? Et surtout, quels sont les éléments qui importent dans notre opinion sur autrui ? Voici la réponse de Tobi2Nom d’emprunt., homme de 27 ans, lorsque je l’interroge sur sa définition de la beauté :

Déjà pour moi la beauté c’est quelque chose de subjectif. Chaque personne aura sa notion de la beauté. On ne va pas se mentir : quand tu vois une personne qui te plaît physiquement, c’est un facteur. Mais y’a pas que ça : il faut pouvoir interagir, discuter, rigoler, qu’elle ait de l’humour. Ça dépasse le cadre physique. La beauté, ça peut être dans les valeurs de la personne, dans ce qu’elle te transmet sur le plan spirituel, intellectuel. Mais c’est vrai que des fois c’est même difficile à définir : des fois tu vois une personne et tu te dis qu’il y a quelque chose en elle que tu trouves beau, qui te plaît.

Parfois, on se reconnaît dans des valeurs, dans une conception du monde. On partage des idées, une morale, un style de vie. On va par conséquent avoir tendance à s’entourer de personnes qui nous ressemblent, reproduisant et renforçant par la même occasion notre place dans la hiérarchie sociale. Bourdieu rattacherait sûrement ceci au concept « d’habitus » :

Bourdieu explique ces régularités par le concept d’habitus. Produit de notre éducation (et donc variable selon les classes sociales), l’habitus est l’ensemble des principes incorporés par l’individu : manière d’être, de penser et d’agir… qui guident de manière non consciente nos choix et font que toutes nos pratiques ont un “air de famille”, qu’elles forment justement un “style de vie”. L’habitus est aussi ce qui fait que nous parvenons à lire les pratiques des autres comme des signes de leur position sociale.

Recension de La distinction (livre de Pierre Bourdieu) publiée sur Sciences Humaines.

« La beauté subjective » s’avère donc bel et bien être un mythe, car la beauté s’appréhende en fonction de notre place dans la société. Derrière l’impression de connaître l’autre, nous nous reconnaissons en fait nous-mêmes. Les régularités dont parle Bourdieu, c’est cette tendance à toujours aller vers les choses que l’on connait et donc à reproduire l’ordre social en place. Notre position sociale nous a appris ce qui est beau, ce qui est laid, et l’autre devient le reflet de ce que l’on a intériorisé. Nous aurons tendance à aller vers une personne qui a le même style de vie que nous. Ceci pourrait expliquer pourquoi nous semblons persuadés que le physique ne fait pas tout. En fait, cette prétendue subjectivité de la beauté n’en est pas vraiment une : c’est simplement l’intuition que le physique seul ne suffit pas, car il est accompagné d’une appréciation sociale de l’autre.

Mais qui décide de ce qui est beau ou laid ?

Bourdieu montre […] que les styles de vie sont un mode de domination symbolique, car ils sont hiérarchisés. Les membres de la classe dominante sont porteurs du “goût légitime” : ils ont réussi à faire de leur propre style de vie l’étalon auquel peuvent être rapportées les pratiques des autres groupes sociaux. Le style de vie des classes populaires, quant à lui, n’est qu’un repoussoir. Le “beau” et le “laid”, le “vulgaire” et le “raffiné” sont donc des jugements sociaux, qui renvoient à des pratiques, des manières de faire ou d’être inégalement légitimes.

Recension de La distinction (livre de Pierre Bourdieu) publiée sur Sciences Humaines.

Cet extrait nous montre que le physique ne peut être détaché de tout le reste, y compris de la sphère sociale et politique. En réalité, décider de ce qui est beau ou laid est un enjeu de taille : ce sont les dominants qui décident des normes de beauté, auxquelles tenteront de se plier les dominés. Ce choix n’est pas conscient, bien sûr. Les classes supérieures ne font que mettre en place certaines normes pour elles, qui ensuite sont reprises par le reste de la population comme un signe d’appartenance à ces mêmes classes aisées. En somme, un effet d’imitation. Ces choix de normes sont également souvent dictés par les profits économiques engendrés : par exemple, le blanchissage dentaire, devenu une norme dans les classes supérieures et qui petit à petit s’est étendu comme un signe de richesse. Analysé au travers de ce prisme, l’essor de la chirurgie esthétique, des abonnements en salle de sport, de la fast fashion, du maquillage et des produits de beauté en tout genre n’a plus rien de mystérieux : ces produits constituent en effet autant de marchés lucratifs et florissants, qui jouent sur une conception de la beauté définie en fonction des profits économiques qui en découlent. Si un individu d’origine bourgeoise n’aura aucun mal à s’y conformer, cela devient vite problématique pour un travailleur ou une travailleuse de classe moyenne voire défavorisée.

Pourquoi la beauté est-elle un sujet tabou ?

« Que votre parure ne soit pas une parure extérieure – cheveux tressés, ornements d’or ou vêtements élégants – mais plutôt celle intérieure et cachée du cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’une grande valeur devant Dieu » peut-on lire dans la Bible31 Pierre 3:3-44.. Les grands textes religieux fourmillent de ce genre d’affirmations. Moralement, le corps est toujours lié au péché originel. Assumer l’importance du corps dans nos échanges sociaux, c’est endosser l’insultante étiquette sociale de « superficialité ».

On le voit très bien dans nos adages populaires. Ne dit-on pas que « l’amour rend aveugle » ? Ou encore que « l’on ne voit bien qu’avec le cœur » ? Il est rare que des personnes assument l’importance de l’apparence physique, et les quelques rares personnes qui le font sont aussitôt rappelées à l’ordre par des jugements de valeur.

Mais peut-on raisonnablement les blâmer ? Le physique est-il vraiment gommé par la « beauté intérieure » ? Quels enjeux sous-tendent ce tabou ?

Nous pouvons facilement montrer que la beauté a un poids social important. Elle est notamment décisive pour l’intégration sociale : on dit par exemple que la « première impression est la bonne ». Ainsi, « la discrimination fondée sur la beauté est probablement plus difficile à détecter que celle fondée sur la race ou le genre, car la plupart des gens n’en sont pas conscients. Ce type de discrimination peut ainsi survenir dans des lieux publics et même devant des millions de personnes sans que personne n’y trouve rien à redire. »

Socialement donc, il est clair que notre physique influe sur notre intégration à la société. Même notre statut socio-professionnel est impacté par ces normes de beauté : « Les effets de l’apparence physique sur l’accès à l’emploi et les salaires sont massifs et omniprésents, en particulier dans les secteurs nécessitant des interactions fréquentes avec les clients. Les biais en faveur des grands, des beaux et des minces sont tellement ancrés en nous qu’il est souvent difficile de lutter contre les premières impressions. »

La norme esthétique est un enjeu majeur de la vie en société, nous l’avons montré. Ceci nous prouve qu’en prendre conscience est important afin d’avoir toutes les cartes en main : c’est en fonction de notre capacité à y correspondre qu’une grande partie de notre vie sociale sera décidée. Mais reste une question : comment définir la beauté ?

Être beau, ça veut dire quoi ?

La beauté est sans grande surprise très liée à l’apparence physique, mais elle s’accompagne également de certaines pratiques sociales. Elle reste pourtant difficile à délimiter car peu discutée, sauf lorsqu’il s’agit de la moraliser. Pour tenter d’ancrer la beauté dans un cadre plus concret, citons Ghigi Rossela :

Les soins de beauté peuvent être définis comme un ensemble spécifique de techniques du corps, en tant que pratiques corporelles, apparemment simples, qui visent à améliorer son apparence, selon les normes propres à une culture ou à une communauté. Il s’agit d’actes qui contribuent au marquage social et culturel du corps à travers la soustraction, l’addition ou la modification de certaines de ses parties: “Même nos cultures occidentales contemporaines, derrière le culte de l’intégralité du corps, ne cessent de le changer en l’habillant de muscles, de bronzage ou de fard, en lui teignant la chevelure ou en lui arrachant les poils. […] Sous aucun tropique ne persiste la nudité intégrale offerte par naissance” […]. Les techniques de beauté varient selon les parties du corps concernées, les méthodes employées, la possibilité d’y accéder pour les différentes couches de la population et le sens qui leur est attribué. Généralement, elles s’adressent à l’entretien quotidien de l’apparence corporelle et, à la différence des modifications plus radicales, ne sont pas verbalisées en termes de “choix” ou de “projet” de l’individu.

Ghigi Rossella, « Beauté », dans : Juliette Rennes éd., Encyclopédie critique du genre. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 2016, p. 77-86.

La beauté ne dépend pas seulement de l’apparence acquise à la naissance. Elle est aussi un indicateur social car elle s’accompagne de pratiques visant à modifier certaines parties du corps. La beauté, ou du moins les pratiques qui nous mènent à être considéré comme beau/belle, nous sont plus ou moins imposées. On voit ici l’enjeu du tabou autour de la beauté : ne pas en discuter, c’est éviter que l’on puisse la questionner – et c’est donc présenter comme allant de soi une pratique qui n’a pas toujours existé. C’est naturaliser, normaliser notre rapport au corps alors qu’il est le produit d’une histoire et de luttes sociales et idéologiques. Pour reprendre à nouveau la conception bourdieusienne : « Une relation inégalitaire n’apparaît comme telle que pour celui qui ne la considère pas comme allant de soi. Autrement dit, pour la faire accepter par celui qui la subit et qui la considère comme naturelle, il n’y a pas besoin de recourir à la violence, symbolique ou non. Il suffit que l’individu croie aux valeurs dominantes, pour qu’il y adhère et pour qu’il participe à la reproduction de l’ordre social qui le domine sans qu’il ne soit conscient de cette domination. »

D’où vient notre rapport à la beauté ?

Dans l’article intitulé « Beauté » de la sociologue Ghigi Rossella, nous apprenons que le rapport à ces pratiques est très lié à l’avènement de l’industrie et – par conséquent – à l’apparition de la « classe moyenne ». C’est en particulier au moment de l’industrialisation que la beauté passe d’un attribut inné à un attribut que l’on acquiert et que l’on entretient, par le biais notamment d’achat de certains produits de beauté ou de pratiques, comme le maquillage, le parfum, la coiffure, etc. Une nouvelle norme esthétique émerge, dictée par les lois du marché, émerge au XXe siècle :

La fabrication manufacturière des produits de beauté et le développement des services professionnels d’entretien du corps ont démocratisé les techniques de beauté. À partir des premières décennies du XXe siècle, de [simple cadeau] de la “nature”, la beauté devient un enjeu à la portée de tous : “Il n’y a pas de femmes laides, il n’y a que des femmes paresseuses” était la devise de l’industrielle de cosmétiques Helena Rubinstein. L’achat de produits de beauté manufacturés – poudres et ensuite fard, rouge à lèvres et crayon à sourcils – est alors fondamental pour les classes moyennes qui désirent être modernes et respectables et embrassent, de ce fait, la féminité commercialisée avec la conviction que l’individualité est un “style” achetable.

Ghigi Rossella, « Beauté », dans : Juliette Rennes éd., Encyclopédie critique du genre. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 2016, p. 77-86.

La beauté est perçue alors comme un produit que l’on peut se procurer : autrement dit, la beauté devient un choix. On voit ainsi émerger l’idée qu’être beau ne dépend que de soi, que la beauté reflète notre état intérieur et qu’être laid, c’est être flemmard. Pour le reformuler autrement : dire que la beauté est un choix, c’est justifier la discrimination sur le physique. Car finalement on ne discrimine pas qu’un corps, mais une attitude : la fainéantise. Et rappelons-le : la fainéantise est très mal perçue par les religions monothéistes, et notamment par la Bible. Associer la beauté au travail, et la laideur à la fainéantise, c’est ancrer la beauté dans un cadre moral : être beau, c’est être bon, pieu, et travailleur. La beauté montre notre force mentale, et donc notre valeur.

Lorsque nous y pensons quelque peu, nous réalisons très vite que le « style achetable » dont parle Ghigi Rossella n’a jamais été aussi palpable qu’aujourd’hui.

Aline4Nom d’emprunt. confirme bien que le rapport entre beauté et pratiques de soin est très ancré : « Je pense qu’il n’y a pas vraiment de différence en ce qui concerne la beauté que ça soit pour un homme ou pour une femme, je pense que ça passe par le fait de prendre soin de son visage, de sa peau, de son corps… » On voit que les pratiques liées à la perception de la beauté se sont imposées, naturalisées. Nous ne sommes plus dans une beauté innée, mais dans une beauté que l’on doit s’efforcer de créer activement : acheter et utiliser des produits de beauté n’est aujourd’hui même pas discutable, sinon c’est choisir d’être laid.

Si au départ le public principal de cette commercialisation de la beauté était principalement les femmes, certains hommes sont aujourd’hui visés par le marché de la beauté bien que, d’après Rossella, il soient moins touchés. En effet, les hommes peuvent subir certaines discriminations en raison de leur physique : la taille, par exemple, est un facteur important dans leur insertion professionnelle. Néanmoins aucun produit de cosmétique ne peut venir corriger cette situation : la taille ne leur demande pas d’investir dans des produits de beauté. Il semble donc que la problématique des cosmétiques soit réservée principalement aux femmes.

Ghigi Rossella parle également d’un autre élargissement du public de cette beauté commerciale : les seniors, les très jeunes, la classe populaire s’ajoutent à la liste des victimes. Mais quelles en sont les retombées ? La nouvelle génération est, notamment au travers des réseaux sociaux, bombardée d’images de corps irréalistes et de publicités pour des produits censés rendre beau. On apprend à se voir comme un problème à régler.

Nina5Nom d’emprunt., 20 ans nous parle ainsi de son rapport aux cosmétiques, qui a commencé très jeune : « J’ai commencé à m’acheter des cosmétiques vers 11 ans. C’était des soins pour la peau du visage (masques de Claire’s, crèmes, etc.) parce que j’avais de l’acné. Il y avait aussi des produits pour les jambes. J’étais beaucoup critiquée à cause de mes poils alors je cherchais des moyens pour me les enlever (comme les crèmes dépilatoires), mais comme je le faisais mal et en cachette, ça me faisait beaucoup de réactions sur les jambes. J’allais donc acheter ensuite des produits pour hydrater ma peau dans des grandes surfaces, qui n’étaient finalement pas adaptées à mes besoins. Je n’osais pas aller dans une pharmacie demander de l’aide. Le choix venait de moi, c’est moi qui voulais soigner tous ces ″problèmes″. »

Conclusion

Tout au long de l’article, nous avons montré l’origine du mythe de la « beauté intérieure » : l’appréciation de cette dernière serait en fait la manifestation de notre classe sociale nous poussant à aimer ce qui nous ressemble, et donc à apprécier des personnes de notre milieu social, nous poussant à reproduire ainsi l’ordre social établi. Nous avons aussi montré l’impact du tabou moral qui empêche l’individu de questionner les pratiques que l’on associe à la beauté. Ce qui est beau l’est seulement car une certaine frange privilégiée de la population en a décidé ainsi, et que le reste de la population ne remet pas en question ces pratiques de beauté qui sont anodines pour un bourgeois, mais coûteuses pour la classe populaire. Vouloir y correspondre finit par devenir un fardeau en termes de temps ou d’argent, et ce bien que cette domination ne soit pas conscientisée par les bourgeois. Y réfléchir ainsi permet d’avoir un certain recul sur certaines pratiques en plein essor, comme par exemple la mode des blanchissages dentaires ou encore la pose de faux cils, pour ne citer que ces deux infimes parties d’un marché florissant et toujours plus diversifié. On peut d’abord questionner l’impact de ces produits sur la santé des utilisateurs, comme le montre le témoignage de Nina qui avait des problèmes de peau à cause des produits utilisés. Sans oublier l’impact sanitaire sur le long terme de telles pratiques ! On peut aussi questionner l’effet économique sur les utilisateurs, avec des techniques de plus en plus coûteuses et invasives, générant par conséquent toujours plus de profits aux industriels et une dépense toujours plus grande des classes populaires et/ou moyennes afin de se conformer aux nouvelles règles du jeu. Finalement, il y a encore la question de la responsabilisation de l’individu. En disant qu’il « suffit » d’acheter et d’appliquer des produits et des techniques de beauté, on dit à l’individu qu’il est coupable de son physique, et qu’il aurait bien intérêt à se conformer car il ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il ne correspond pas à la norme en vigueur. Le physique devient notre carte de visite disant : « je suis fort mentalement, je suis riche, je suis travailleur. » Et refuser le carcan de la beauté, c’est se voir discriminé dans sa vie sociale et professionnelle. Mais prendre ce point de vue individualiste, c’est oublier qui crée les normes : les industriels et les bourgeois – même si, encore une fois, ils ne le font pas dans un but conscient de domination. C’est oublier aussi qu’en discriminant la laideur sur le marché de l’emploi, on discrimine en fait la classe populaire qui n’a pas les moyens de se conformer à ces normes. C’est démocratiser une modification toujours plus grande de son physique, avec une vision de celui-ci comme étant une projection extérieure de notre valeur sociale, et de notre valeur morale.

Basma Rizzotti est étudiante en sciences sociales à l’Université de Lausanne.


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