dièses contre les préconçus

Pour une (re)politisation de l’antiracisme asiatique


S’il est essentiel de dénoncer et déconstruire le mythe de la minorité modèle, les conclusions tirées de celui-ci ont créé de nombreux impensés au sein des luttes antiracistes asiatiques.
par #Chloé Luu et Anne-Zhou Thalamy — temps de lecture : 13 min —

L’exacerbation des propos et actes racistes contre les personnes racialisées comme Asiatiques ces dernières années a progressivement fait l’objet d’attention dans les espaces médiatiques et académiques français. En effet, le meurtre de Liu Shaoyao, de Zhang Chaolin et les manifestations qui en ont découlé, puis dernièrement la crise du Covid-19, ont mis en lumière un phénomène peu analysé jusqu’ici : le racisme anti-asiatique1Ya-Han Chuang. Sinophobie et racisme anti-asiatique au prisme de la Covid-19. De facto, 2020, Dossier : Inégalités ethno-raciales et pandémie de coronavirus, pp.48-56. ffhal-02888911f.. De ce fait, de nombreux collectifs et associations se sont créés et organisés dans le but de dénoncer ce racisme. Se développe (ou plutôt réapparaît) alors un militantisme antiraciste asiatique, qui prend la forme d’organisation d’événements, de mobilisations ou encore de pédagogie et sensibilisation sur les réseaux sociaux.

Cet article, né d’une expérience partagée de la recherche et du militantisme, propose de repenser la manière dont la racialisation des Asiatiques en France est théorisée et mise à l’œuvre à la fois dans les milieux militants et dans le monde académique. Cette réflexion s’appuie sur les concepts de race, racialisation et rapports sociaux de race qui renvoient à une conception de la race dénuée de son substrat biologique, et appréhendée comme un processus socialement construit de catégorisation qui se fonde sur la prise en compte exogène d’éléments phénotypiques ou de certains marqueurs religieux et place les groupes dans un rapport de pouvoir hiérarchisé. Nous distinguons dans cet article le terme de « racialisation » qui, selon la sociologue Sarah Mazouz, désigne les processus par lesquels une société produit des hiérarchies raciales, de celui de « racisation », qui renvoie à la soumission de groupes à des rapports de pouvoir racialisants. Nous traiterons à la fois de la construction théorique de la racialisation des Asiatiques et des pratiques des nouveaux mouvements de l’antiracisme asiatique, à commencer par leur compréhension du concept du mythe de la minorité modèle. En effet, cette construction pourrait être à l’origine d’un écueil dont il semble important de s’éloigner : celui d’un racisme contre les Asiatiques qui serait plus banalisé que les autres ; un racisme qui aurait été oublié et qui serait enfin dévoilé aujourd’hui. Il s’agira donc dans un premier temps d’analyser la manière dont les Asiatiques d’Est et du Sud-Est sont racialisé‧es en France, pour ensuite tenter d’expliciter les implications de cette racialisation et les moyens de sortir de ce prisme analytique.

La racialisation complexe des Asiatiques en France

Le cas des Asiatiques dans l’analyse des phénomènes de racialisation est particulièrement intéressant. En effet, il s’agit d’un groupe minorisé assigné racialement2Mazouz, S. (2017). La République et ses autres: Politiques de l’altérité dans la France des années 2000. ENS éditions. – les Asiatiques sont perçu‧e‧s comme non-blanc‧he‧s et victimes de pratiques qui entretiennent des rapports de domination raciale –, mais pensé comme à proximité de la blanchité et donc en dehors des débats en France sur le racisme et les discriminations, qui se sont centrés principalement sur les personnes racialisées comme noires et arabes. Les évolutions dans la racialisation des Asiatiques en France mettent en lumière les manières dont une société peut produire du racial à un temps donné. Comme l’explique l’historienne Liêm-Khê Luguern, alors que les Asiatiques étaient souvent perçu‧e‧s avant les années 1980 comme des « trafiquant‧e‧s » ou des personnes « mystérieuses » ou « secrètes », les stéréotypes aujourd’hui portent plutôt sur l’aspect « travailleur », « discret » et « discipliné » de ce groupe minorisé3Luguern, L. K. (2016). La représentation des immigrants. Des immigrants en représentation? Le cas des Asiatiques, Vietnamiens en particulier. Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, (1314), 141-145., ce qui a pu entretenir l’idée d’une racialisation exclusivement « positive » vécue par les Asiatiques. Une telle considération a eu des répercussions sur la scène militante, de laquelle les Asiatiques ont été absent‧e‧s, tant lors de la formation des mouvements antiracistes français à partir des années 1980, qu’au moment de l’émergence de nouveaux mouvements antiracistes d’inspiration postcoloniale suite aux émeutes de 20054Cervulle, M. (2013). Dans le blanc des yeux. Diversité, racisme et médias, Paris, Éditions Amsterdam.. Ce phénomène a également eu des répercussions sur le champ universitaire, où les études sur ce groupe minorisé ont souvent omis la question de la racialisation comme prisme analytique. Ces dernières années cependant, des descendant‧e‧s asiatiques se sont réapproprié‧e‧s les questions de racisme dans l’espace médiatique français. Les recherches sur l’expérience et la racialisation des Asiatiques en France étant très récentes, les mouvements asiatiques se sont fortement inspirés des combats antiracistes noirs, afroféministes et arabes français ainsi que des courants militants asiatiques déjà présents aux États-Unis mettant le mythe de la minorité modèle au centre de leur analyse. Ainsi, inspiré‧e‧s par les études étasuniennes sur les Asian Americans, les Asiatiques présent‧e‧s sur la scène militante française s’attachent à déconstruire le concept de « minorité modèle » et revendiquent progressivement leur appartenance minoritaire.

La première utilisation du terme de « minorité modèle » remonte à un article de 1966 de William Petersen intitulé « La réussite sociale des Américains d’origine japonaise » dans le New York Times. Alors que le Civil Rights Movement (mouvement des droits civils) bat son plein, cet article dépeint une « minorité modèle » dont les performances économiques et universitaires impressionnent5Sabbagh, D. (2003). Le statut des « Asiatiques » aux États-Unis. Critique internationale, (3), 69-92. et dont l’« intégration » et l’absence de politisation rassurent. Ces attributs essentialisants et homogénéisants sont alors mis en regard de la situation des Afro-américain‧e‧s, qui sont à l’époque les figures de proue du Civil Rights Movement. Dans ce contexte, cette caractérisation des Asiatiques comme une « minorité modèle » ne peut être comprise sans référence à la structuration raciale d’une société – et notamment à la division entre les groupes minorisés qui la composent – et particulièrement aux personnes noires6Sabbagh, D. (2003). Le statut des « Asiatiques » aux États-Unis. Critique internationale, (3), 69-92. Comme l’explique Vincent Geisser, tout fantasme de « modèle » implique l’existence d’un « contre-modèle », qui dans le cas de la France, met en opposition trait pour trait les Asiatiques valorisé‧e‧s pour leur réussite et intégration exemplaires, face aux « mauvais‧e‧s immigré‧e‧s » nord-africain‧e‧s et noir‧e‧s qui incarneraient un « reniement des valeurs républicaines » et seraient source de déstabilisation nationale.

Une telle assignation des Asiatiques implique donc de passer sous silence les phénomènes de discrimination et de racisme qui les concernent ainsi que les histoires communes d’oppression, de colonisation mais aussi de solidarité qui existent entre groupes minorisés (même si les expériences de racisme ne sont pas identiques pour tou‧te‧s). En outre, il est important de noter que cette assignation positive n’est que circonstancielle et qu’elle est à tout moment réversible. Cette réversibilité s’est donnée à voir récemment à travers les réactivations des expressions du péril jaune avec la pandémie du Covid-197Ya-Han Chuang. Sinophobie et racisme anti-asiatique au prisme de la Covid-19. De facto, 2020, Dossier : Inégalités ethno-raciales et pandémie de coronavirus, pp.48-56. ffhal-02888911f. Les Asiatiques occupent donc une position ambigüe dans la structuration raciale de la société car ils ont longtemps été érigé‧e‧s en opposition aux immigré‧e‧s maghrébin‧e‧s et noir‧e‧s. Néanmoins, s’il est essentiel de dénoncer et déconstruire le mythe de la minorité modèle, les conclusions tirées de celui-ci ont pu créer de nombreux impensés au sein des luttes antiracistes asiatiques et de la recherche sur ce groupe minorisé.

L’illusion d’une « exceptionnalité » de la racialisation des Asiatiques

Faire du mythe de la minorité modèle les prémisses de toute analyse sur la racialisation des Asiatiques est fondamental, mais les conclusions qui en sont tirées semblent parfois contribuer à créer l’illusion d’une « exceptionnalité » de cette racialisation. L’immigration moins importante des Asiatiques en France et leur absence des mobilisations historiques contre le racisme ont impliqué une réflexion sur le racisme et sur l’antiracisme sans inclure ce groupe. Cette absence a contribué à forger aujourd’hui la thèse d’un racisme anti-asiatique « exceptionnel », dont la spécificité serait d’être « banalisé » et dont on ne parlerait pas assez, comme si les violences racistes envers les personnes racialisées comme noires ou arabes n’étaient pas elles aussi banalisées. En effet, le propre du processus de racialisation est sa banalisation, sa quotidienneté. De plus, cette conclusion implique une comparaison systématique à la situation et à la racialisation des personnes perçues comme noires et arabes en France. La logique devient alors de démontrer la similitude des expériences vécues entre les Asiatiques et les autres groupes minorisés pour réclamer une place, qui serait supposément oubliée, dans la lutte antiraciste. Or s’il est légitime de revendiquer son appartenance minoritaire et d’adopter une position critique par rapport à sa proximité avec la blanchité, cette interprétation du mythe de la minorité modèle place les Asiatiques face à un impensé profond : celui des implications matérielles d’un tel mythe et de sa perpétuation depuis l’intérieur du groupe8Du, J., Le Bail, H., Lévy, F. & Li, Z. (2021). Le paradoxe de l’invisibilité d’une minorité visible : immigrés et descendants d’immigrés chinois en France. Migrations Société, 1(1), 19-28. https://doi.org/10.3917/migra.183.0019. Si la dénonciation de ce mythe est nécessaire et met en lumière les formes plurielles que peuvent prendre un même système discriminatoire, elle doit également conduire à une réflexion sur le positionnement des personnes perçues comme asiatiques dans la manière dont une société est structurée racialement.

Reconnaître cette position ne consiste pas uniquement à exprimer et reconnaître les privilèges qui en découlent, ou la négrophobie et le colorisme existant au sein de ce groupe minorisé. En effet, il est nécessaire de prendre conscience de cette condition paradoxale de racisé‧e‧s dominant‧e‧s qui nous séparent à bien des égards des personnes perçues comme noires et arabes en France. Il est indéniable que les préjugés « positifs », bien qu’ils soient issus d’un même système discriminatoire et racialisant, impliquent une plus faible exposition aux violences racistes de ce système, en particulier dans les classes moyennes et supérieures. Il est bien sûr délicat d’évoquer les positions privilégiées des Asiatiques en raison d’un risque de récupération de ces discours dans le but d’invalider l’existence du privilège blanc. Il reste cependant nécessaire d’affirmer que si les discours sur la minorité modèle reposent sur un mythe, les répercussions matérielles et les positions de domination que ce mythe octroie, elles, n’en sont pas un. La croyance d’un racisme contre les Asiatiques oublié et négligé alors qu’iels vivraient les mêmes discriminations que les Noirs et les Arabes en France est fausse, et est à déconstruire de toute urgence afin d’éviter l’instrumentalisation déjà en cours des revendications de ce groupe. Penser la racialisation et le racisme vécu par les Asiatiques doit se faire en réfléchissant au rapport à la blanchité de ce groupe mais également en examinant sa position par rapport aux autres groupes minorisés.

Sortir de l’analyse du mythe de la minorité modèle ?

De cette analyse doit découler une réflexion sur la place qu’occupent (et prennent) les Asiatiques sur la scène antiraciste. Pour ce faire, il est essentiel de dépasser l’opposition homogénéisante « racisé‧e‧s contre blanc‧he‧s » et de porter un regard réflexif sur les revendications antiracistes actuelles des Asiatiques. Cette analyse ne se veut pas critique de l’ensemble des pratiques actuelles du militantisme antiraciste asiatique, dont certaines sont effectivement nécessaires. Mais les tentatives de mise en équivalence des oppressions de toutes les personnes racisées sont un écueil, qui ne fait que faciliter l’instrumentalisation de la lutte contre le racisme anti-asiatique. Nous pensons par exemple à l’équivalence faite entre des termes injurieux comme « chinetoque » (ou « chink » en anglais) et le « mot en n9Voir notamment l’intervention de l’historien Pap Ndiaye sur la polémique suscitée par les propos de Laurence Rossignol sur les « nègres américains » et les femmes qui portent le voile. (C. Kane et M. Bettinelli. (2016). « Usage du mot « nègre » : “Une ministre n’est pas un rappeur” », LeMonde.fr, url : https://www.lemonde.fr/societe/video/2016/04/01/usage-du-mot-negre-une-ministre-n-est-pas-un-rappeur_4894285_3224.html », à l’appropriation du concept de « digital blackface10L M Jackson. (2017). « We Need to Talk About Digital Blackface in Reaction GIFS », TeenVogue.com, url : https://www.teenvogue.com/story/digital-blackface-reaction-gifs » pour l’appliquer à celui de « yellowface11Le concept de « digital blackface » a récemment été réapproprié pour parler de « digital yellowface », désignant notamment l’utilisation de l’emoji des maintes jointes qui évoque un geste de prière et qui caricaturerait des pratiques de personnes asiatiques. La réappropriation de ce terme met en équivalence un phénomène qui s’inscrit dans une longue histoire de marchandisation de l’image des personnes noires pour le divertissement de masse (voir également E. Wong. (2019). Digital Blackface: How 21st Century Language Reinforces Racism, UC Berkeley) à un phénomène isolé. Il semblerait que ces formes d’individualisation des pratiques de lutte pourrait contribuer à la dépolitisation des revendications. » ou à des accusations d’appropriation d’éléments des cultures asiatiques à l’encontre de personnes noires ou arabes. De manière plus générale, il semble important d’interroger le possible accaparement de la parole antiraciste de la part de certain‧e‧s Asiatiques et la façon dont cela pourrait constituer une forme de domination sur d’autres groupes minorisés, notamment lorsque cela participe à l’invisibilisation de leurs revendications.

Ainsi, il s’agit de se demander dans quelle mesure notre positionnement et nos façons de lutter peuvent elles-mêmes perpétuer des logiques négrophobes et de domination, surtout lorsqu’elles ne s’accompagnent pas d’une prise en compte des risques d’instrumentalisation de ces luttes. La question de la sécurité par exemple a été au cœur des manifestations de Belleville, en 2010 et 2011, puis celle de 2016 à Aubervilliers12Chuang, Y. H. (2015). Migrants chinois à Paris: au-delà de l’« intégration »: la formation politique d’une minorité (Doctoral dissertation, Paris 4).. Or, de nombreuses études démontrent que l’augmentation des forces de police ne fait que contribuer à la perpétuation d’un système racialisant13Cela a notamment fait l’objet d’un article dans le Times : https://time.com/5938482/asian-american-attacks/. La différence dans le traitement des affaires des homicides de Zhang Chaolin et Liu Shaoyao l’illustre parfaitement. En effet, l’un décède des suites d’un vol par des jeunes hommes que les médias désignent comme « jeunes de banlieue » (ciblant implicitement des hommes arabes et noirs) et obtient alors un large soutien médiatique et politique ; l’autre meurt suite à des violences policières, ce qui donne lieu à des affrontements entre les manifestant‧e‧s et les forces de l’ordre, présentées comme « violent‧e‧s », sous l’emprise de réseaux mafieux chinois, ou encore « proches du Parti communiste chinois »14Un article du Parisien par exemple, suggère ce lien : https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-shaoyo-liu-une-note-secrete-sur-les-incidents-a-paris-30-03-2017-6811305.php.

Cette différence de traitement nous éclaire sur la possible réversibilité de la racialisation « positive » des Asiatiques, et met aussi en lumière l’instrumentalisation de la lutte contre le « racisme anti-asiatique », qui n’est pas sans rappeler les logiques du fémonationalisme15Farris, S. R. (2017). In the name of women’s rights: The rise of femonationalism. Duke University Press., qui mobilise des idées féministes à des fins racistes, islamophobes et nationalistes16Dans « Le fémonationalisme sous l’ère Macron : d’effrayantes perspectives sécuritaires et racistes au nom de la cause des femmes », sur Le blog de Joao, 2017, Joao Gabriel analyse comment des mesures comme l’instauration de policiers habilités à verbaliser les insultes sexistes dans l’espace public proposée par Marlène Schiappa, au nom des droits des femmes, est annonciatrice de davantage de violences policières pour les hommes arabes et noirs des quartiers populaires, premiers à être touchés par les renforcements des dispositifs policiers.. Cette logique s’applique également au sein de ce groupe minorisé. En effet, les Asiatiques en France forment un groupe marqué par de fortes disparités socio-économiques : il est donc nécessaire d’interroger le fait que ce sont principalement les personnes asiatiques dotées d’un capital culturel, social et économique important qui occupent l’espace militant et académique ; et le sino-centrisme des revendications mériterait aussi d’être remis en question.

Le risque de dépolitiser les luttes antiracistes

Comme l’explique Arielle Iniko Newton, « personne ne peut abandonner ses privilèges, mais nous pouvons faire en sorte que l’oppression soit remise en cause ». À travers cet article nous avons tenté d’expliciter pourquoi la déconstruction du mythe de la minorité modèle est essentielle, mais qu’elle ne peut justifier une théorie d’une quelconque « exceptionnalité » du racisme anti-asiatique. L’analyse de la racialisation des Asiatiques met en lumière les façons plurielles dont la société produit du racial et montre comment les formes à première vue positives de racialisation ne sont que le résultat d’un même système discriminatoire. Il nous semble alors essentiel de mobiliser le concept de racisé‧e‧s dominant‧e‧s pour penser notre place et notre potentielle contribution à l’antiracisme en tant qu’Asiatiques. Il est important aujourd’hui de se demander si la centralité de certaines thématiques (dénonciation de l’invisibilisation de ce racisme, de l’appropriation culturelle, demandes de plus de sécurité) au sein de nos pratiques de résistance n’auraient pas tendance à individualiser la question de la race et à desservir une analyse structurelle et systémique du combat contre le racisme et les discriminations. L’état actuel de nos pratiques encourt le risque de dépolitiser les luttes antiracistes qui touchent les personnes racialisées comme asiatiques et d’empêcher une réflexion sur l’instrumentalisation de cet antiracisme par les médias et les politiques. Dans un contexte accru d’islamophobie, de négrophobie, et de violences racistes institutionnelles, on est en droit de s’interroger : quel rôle joue concrètement l’antiracisme asiatique dans la lutte contre ces formes de domination ?

Chloé Luu est sociologue. Elle mène ses recherches sur les représentations des Asiatiques dans le cinéma à travers le prisme de la réception auprès de descendant‧e‧s asiatiques en France, en lien avec leurs appropriations de leur appartenance minoritaire.

Anne Zhou-Thalamy est sociologue, et travaille actuellement en thèse à l’EHESS sur les formes de gestion sexuée et racialisée des cadres asiatiques dans le monde des grandes entreprises en France.


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